Capot by Robert Page Jones

Capot by Robert Page Jones

Auteur:Robert Page Jones [Jones, Robert Page]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine, Policier
Google: 8-V2QwAACAAJ
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1966-05-14T23:00:00+00:00


Chapitre XII

Le centre du cyclone passa au-dessus de Clearwater le dimanche à midi. Il amena des vents de cent cinquante kilomètres-heure et des vagues gigantesques qui fracassèrent les digues de protection et broyèrent les autos en stationnement comme des berlingots de lait jetés au rebut. Il sévit avec une fureur rageuse et foudroyante, puis, momentanément rassasié, obliqua légèrement vers le sud en direction de l’archipel des Florida Keys.

Polichek commanda un whisky nature et se mit à boire sans se presser.

Il cherchait à engourdir le tiraillement lancinant de sa blessure. La douleur le faisait transpirer ; il finit par être en nage et, tout poisseux, il se mit à sacrer en son for intérieur.

Il parvint à surmonter pourtant sa douleur et, une fois de plus, jeta un coup d’œil circulaire. Il tenait à savoir exactement où se trouvait tout son monde.

Walter Touchberry avait laissé sa fille attablée avec la jeune Williams et était venu se mêler au groupe des hommes installés au bar. Il s’était placé à la gauche du révérend Huggins qui avait choisi le tabouret du bout et à la droite du chauffeur qui avait Johnny Ray à sa gauche et qui se poussa un peu pour lui faire de la place ; ce fut la seule réaction que provoqua sa venue. Johnny Ray et le chauffeur parlaient de base-ball ; quant au révérend, il se contentait de rester là, en silence, les yeux fixés sur le comptoir de bois.

Benny s’était éclipsé et préparait à la hâte quelques sandwichs. Polichek ne le voyait pas, mais il l’entendait se livrer à tout un remue-ménage dans la cuisine.

Le brigadier Roundtree s’était rendu à la voiture de police pour voir s’il pourrait transmettre un rapport par radio.

— Qu’est-ce que vous diriez d’une autre tournée ? dit M. Touchberry pour s’imposer à l’attention de ses compagnons d’infortune. (Il passa derrière le bar et ajouta :) La compagnie est bonne et le whisky aussi. Et il y a de fortes chances pour que nous restions ici encore un bout de temps. Pourquoi ne pas oublier nos tracas pour passer un bon moment ensemble ?

— Un autre petit verre ne serait pas de refus, déclara Johnny Ray.

— Et vous, révérend ? Que diriez-vous d’une petite giclée de remontant pour vous remettre d’aplomb ?

— Je n’y verrais pas d’inconvénient, répondit le révérend Huggins.

— C’est ça. Une petite goulée de médicament, par-ci, par-là, y a pas de mal à ça, hein, révérend ? dit Johnny Ray.

Les hommes se mirent à rire et M. Touchberry déposa des verres à whisky devant eux.

Le chauffeur, David Hensley, repoussa le sien :

— Je crois qu’il vaut mieux que je m’en tienne au café, dit-il. Je n’ai pas le droit de boire pendant mes heures de travail.

— Oh ! prenez une petite goutte ! Vous n’allez pas reprendre le volant d’ici des heures et des heures et, à ce moment-là, nous autres, on sera trop pafs pour s’en faire !

Et Johnny Ray salua d’un gros rire sa propre plaisanterie.

— J’aimerais bien trinquer avec vous, dit Hensley.



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